Je vous remercie d'avoir lu selon toute vraisemblance mes trois lettres précédentes et d'avoir retenu l'essentiel de mes recommandations.
J'imagine même que vous avez peut-être parcouru mon dernier article, consacré au risque d'insurrection bolchévique qu'un échec de la consultation que vous avez lancée nous ferait courir.
Sachant que vous êtes mobilisé aujourd'hui par l'organisation de la conduite des débats, je me permets de vous faire partager quelques réflexions sur les conditions de réussite de la sortie du débat.
La première condition est que la majorité inévitable de citoyens qui aura participé aux débats et qui ne verra pas ses revendications satisfaites ou ses propositions retenues trouve un lieu d'expression de ses frustrations et d'écoute de ses besoins, sans en être réduite à se venger dans les urnes, à se défouler sur les élus et les organisateurs du débat, ou à retrouver le chemin des rond-points.
Une piste intéressante serait d'étendre et de renforcer à cette occasion le dispositif porté par le Médiateur de la République
La deuxième est que les décisions que vous prendrez ou que vous proposerez ne soient pas systématiquement perçues comme arbitraires, et que le produit des débats vous donne les moyens d'expliquer en quoi ces décisions répondent aux attentes et aux préoccupations exprimées.
Ce sera très difficile si vous n'interrogez pas les Français sur le cap global qu'ils ont envie que vous donniez à la France.
J'aurais aimé trouver dans votre lettre, au delà d'une liste de problèmes complexes à résoudre, des questions ouvertes sur l'interprétation que chacun se fait des valeurs que porte notre devise nationale. Quelles implications tirons-nous pour nos critères de choix politiques de nos exigences de liberté, de nos besoins d'égalité, et de nos aspirations à la fraternité?
Que signifie pour nous, par exemple, l'égalité: égalité des niveaux de vie? égalité des chances? égalité des droits-et des devoirs citoyens? égalité d'accès aux services publics? équité fiscale?...?
Si ces préférences qualitatives étaient recueillies systématiquement, leur analyse sémantique (quantitative ) permettrait d'en tirer des préférences globales qui vous aideraient à expliquer le cap que vous choisirez.
La troisième et dernière condition, compte tenu du niveau de défiance d'une grande partie des Français vis à vis du système politique et des élites, c'est que les citoyens puissent s'exprimer directement sur les modifications institutionnelles que vous proposerez au Parlement.
Cela nécessitera probablement l'organisation d'un référendum.
J'espère que ces suggestions vous parviendront à temps et retiendront votre attention
Respectueusement
Philippe Masson
Président de MyDevelopment.Pro
Auteur de "Manager Humaniste" et de "321Leaders"
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